Ce vendredi 27 juin 2025, les grandes salles attenantes à l’église Saint-Martin de Cambrai sont remplies de vêtements. Il y en a partout, sur le sol, protégé par du papier kraft, sur les tables ou des portants. Une brocante ? Non, car il s’agit de vêtements liturgiques provenant des collections du musée diocésain d’art sacré de Cambrai. Habituellement entreposées à l’archevêché, ces centaines de pièces textiles ont pris leur quartier d’été à Saint-Martin pour une opération de chantier. De par leur nature, elles sont la partie la plus fragile des collections du musée d’art sacré.
Ces vêtements liturgiques ne représentent qu’une petite partie du patrimoine textile du diocèse de Cambrai, qui est répartie dans les armoires et chasubliers de nombreuses églises. Ces textiles, qu’il s’agisse de chasubles, bannières, de bourses ou de manipules, sont porteurs d’une riche histoire, d’une grande variété de techniques et d’un symbolisme fort. Cependant, leur fragilité est due à la nature même des matériaux (soie, velours, broderies, fils métalliques, etc.), les rend particulièrement vulnérables au temps, à l’humidité, à la lumière et aux manipulations inadaptées. D'où la nécessité d’une sensibilisation et d’une formation rigoureuses pour leur assurer une conservation sur le long terme. Quel que soit l’endroit, une pareille attention doit être accordée à toutes ces pièces. Et cela passe par l’information et la formation des chrétiens (mais pas seulement) qui veillent sur les trésors de nos églises.
Dans le cadre de ce chantier, Caroline Biencourt, chargée du Service de la Conservation du Patrimoine du Diocèse de Cambrai, a proposé la journée de formation “Les textiles liturgiques, un patrimoine à sauvegarder”. Avec pour intervenante Zélie Duffroy, guide-conférencière et fondatrice de l’entreprise « Histoires de patrimoine ». Cette rencontre, à destination des bénévoles engagés dans les paroisses, et de toutes personnes intéressées par le sujet, visait à transmettre des connaissances fondamentales sur la nature, la fonction, l’entretien et la conservation de ces objets souvent méconnus mais essentiels à la liturgie et au patrimoine religieux.
La journée s’est structurée en deux temps. La matinée a été consacrée à des interventions théoriques de Zélie, complétés par les expériences pratiques de Caroline. Cette première partie a permis aux participants de se familiariser avec la typologie des textiles, leur usage, les types de tissage et les principales altérations observables, allant jusqu’à l’observation au compte-fils. L’après-midi a pris la forme d’ateliers pratiques animés par les étudiants stagiaires dans le service diocésain de la conservation. Ainsi, chacun a pu s’initier aux gestes précis du dépoussiérage avec Loann Szumlanski. Il ne faut jamais laver les textiles, seul le dépoussiérage permet d’enlever les dépôts de moisissures, les traces d’insectes et les poussières. Ensuite, les participants ont pu découvrir un atelier photographique et de création de fiches d’inventaires animé par Valentin Bocquet. Une étape cruciale car elle permet de donner un état de l’objet précis et de connaître les ressources patrimoniales. Enfin, Madame Duffroy et Simon Presutto ont animé un atelier sur l’usage liturgique des objets et ont transmis quelques clefs de conservation préventive.
Si nous devions ne garder qu'une chose de cette journée, c'est une phrase fréquemment reprise par Zélie et Caroline : “Ce n’est pas à nous de décider du sort à réserver à un objet”. Toute démarche sur le patrimoine doit être collective et s'appuyer sur les ressources humaines du diocèse et des collectivités.
Cette journée conviviale a permis de doter les participants d’outils simples, efficaces et accessibles pour prendre soin du patrimoine textile présent dans les sacristies. Au-delà des aspects techniques, cette formation a aussi été l’occasion d’échanger, de poser des questions concrètes, de partager des expériences de terrain et de prendre conscience de la valeur historique, artistique et spirituelle de ces objets trop souvent négligés.