Le traumatisme de 1918
Pendant le premier conflit, l’archevêché se situait à côté de la cathédrale (bâtiment adjacent). Réquisitionné par les allemands, l’archevêque et sa curie furent déménagés dans l’hôtel Bonnel-Quinchon rue de Noyon. Quant aux papiers et aux documents, seuls suivirent les dossiers courants. Les archives du diocèse étaient alors conservées dans la petite tourelle d’un des bâtiments de l’ancienne abbaye du Saint-Sépulcre. En octobre 1918, avant la débâcle, les troupes d’occupation allemandes incendient Cambrai et dynamitent tous les endroits de conservation d’archives dont l’hôtel de ville avec les archives communales et la tourelle des archives diocésaines.
La première pierre de reconstruction en 1926
Dans son ordonnance du 13 février 1926[1] Monseigneur Jean-Arthur Chollet [2] instaure une Commission d’histoire religieuse et d’art sacré. L’article 2 porte sur ses missions, l’article 3 sur les locaux et l’article 4 sur les nominations des membres.
Art. 2 : « Elle aura pour mission de veiller à la conservation des documents manuscrits ou imprimés appartenant à cette histoire et des monuments ou objets d’art religieux. Elle en fera l’examen et l’inventaire dans les paroisses et en contrôlera la garde. Elle classera et recueillera ceux qui lui seront offert. Elle provoquera des études d’histoire et d’art chrétiens. Elle guidera les recherches, elle conseillera les auteurs de ces études et recherches. Elle fera prendre des copies des documents anciens intéressant l’histoire du diocèse et dont elle ne pourra pas se procurer les originaux. Elle s’inspirera du code J.C. et des instructions du Saint Siège.
Art. 3 : Un local lui sera attribué dans les bureaux de l’archevêché. Elle s’y réunira tous les deux mois sous la présidence d’un vicaire général délégué par nous.
C’est un jeune prêtre, Cyrille Thelliez, qui est désigné secrétaire de la commission.
[1] Monseigneur Chollet, Jean-Arthur, Ordonnance du 13 février 1926 instituant une commission d’histoire religieuse et d’art sacré, Semaine religieuse du diocèse de Cambrai, 27 février 1926, n° 9, pp. 101-102.
[2] Monseigneur Jean-Arthur Chollet (1862-1952), archevêque de Cambrai de 1913 à 1952.
Cyrille Thelliez, héritier des figures types de l’archiviste et de l’érudit du XIXe siècle
(Né en 1888 à Caullery, ordonné en 1920, décédé en 1970)
Licencié en histoire, il devient membre de la Société d’émulation de Cambrai en 1912.
Sa passion pour l’histoire lui vaudra d’assurer les fonctions culturelles pendant 44 ans
au sein du diocèse (secrétaire de la Commission d’histoire et d’art sacré, archiviste,
conservateur du Musée diocésain) en plus de sa charge de curé de paroisse
(Mastaing à partir de 1930).
Sa formation : sa passion pour l’Histoire
Dans son dossier personnel, les lettres testimoniales de ses professeurs notent déjà en juin 1910 que son temps libre est occupé « à aller à la bibliothèque de la ville pour préparer un travail sur l’abbaye du St Sépulcre » (réponse à la question « Emploie-t-il utilement le temps que le service lui laisse libre ? »)
En juillet de la même année, une note marginale signale qu’« il est regrettable qu’il soit absorbé par ses études au point de ne pouvoir donner que quelques minutes aux exercices de piété le soir ».
En 1914 alors qu’il enseigne dans l’Institution Notre-Dame de Grâce de Cambrai, on note qu’« il aime passionnément les archives et la bibliothèque communale, il y consacrait la majeure partie de son temps » et plus loin « il réserve le plus beau de son zèle pour les archives et la bibliothèque ».
Cette passion, il la gardera toute sa vie. Dans l’opuscule qui lui a été dédié après sa mort, le secrétaire de la Société d'Émulation de Cambrai, Maurice Delcroix donne ce détail : « la Bibliothèque municipale, si abondamment fournie en manuscrits et incunables, celle de l’Archevêché n’avaient pas de recoins où il n’ait pénétré, fouillé et travaillé […] ».
Un historien, avant d’être un archiviste
Ces professeurs ne lui imaginaient pas une carrière de rédacteur alors qu’au terme de 50 ans de vie intellectuelle active, il laisse une bibliographie conséquente et dont certains ouvrages furent récompensés.
En effet, en 1907-1908, son professeur d’histoire de la faculté catholique de Lille notait sur ses bulletins : « Compositions : ignore absolument l’art de la composition » et en 1908-1909 : « Composition : inexpérience littéraire absolue. Faible progrès. »
Pourtant, en 1954, il recevra le prix Louis Daniel de la Société des sciences de l’agriculture et des arts de Lille, spécialité Histoire pour son ouvrage intitulé La merveilleuse image de Notre-Dame de Grâce de Cambrai.
Sa passion pour l’art religieux
Une autre de ses passions était les œuvres d’art. Et il parviendra à concrétiser son rêve en créant le premier musée diocésain d’art sacré sur le territoire français. En 1946, il sera d’ailleurs nommé conservateur de ce musée.
1967 : Un remaniement de façade
Monseigneur Jenny[1] remanie la commission sans modifier ses attributions[2]. En effet, elle doit « garder le souvenir des événements passés par la recherche des faits et des documents, leur conservation sous toutes ses formes, de faire mieux connaître la vie actuelle du diocèse ; elle contribuera ainsi, à sa façon, d’une part à la culture intellectuelle (…) et d’autre part à une pastorale d’Église (…) »
En la renommant Commission d’histoire du diocèse, il souhaite donner un nouvel élan en désignant de nouveaux membres[3] parmi lesquels on trouve le Père Félicien Machelart. Le chanoine Thelliez en fait encore partie en tant qu’archiviste diocésain.
[1] Monseigneur Henri-Martin Jenny (1904-1982), archevêque de Cambrai de 1966 à 1980.
[2] Monseigneur Jenny, Ordonnance instituant la commission d’histoire du diocèse, in La Quinzaine diocésaine de Cambrai, 6 janvier 1967, n° 1, p.5.
[3] Les membres sont : le chanoine Thelliez, archiviste diocésain, les chanoines Dallennes, Biévelet, J. Landrieu, Flayelle, Platelle, les abbés Godin, J. Rousseaux, Machelart, P. Christophe, Lamotte ainsi que Melle Mestayer, archiviste de la ville de Douai. Toutefois, « d’autres prêtres et d’autres laïcs pourront être nommés après la mise en route de cette commission. »
1970 : Nomination de Félicien Machelart comme archiviste diocésain
En 1970, Félicien Machelart est nommé à la mort du chanoine Tehlliez archiviste diocésain. Trois années plus tard, il se voit confier la tâche supplémentaire de secrétaire de la Commission Diocésaine d'Art Sacré dont il devient finalement le responsable délégué quelques années plus tard. Il travaille aux archives jusque 2007 mais avec quelques interruptions, notamment, pour la reprise de ses études en histoire de l’art et en 1980 pour son entrée en fonction comme doyen de la faculté de sciences humaines de Valenciennes.
Entre 1970 et 2001 : Inexistence des archives
Lorsque Jacques Gadille publie son enquête pour son Guide des Archives diocésaines françaises en 1971, aucune notice ne présente les archives diocésaines de Cambrai qui sont donc considérées comme inexistantes.
Ainsi entre 1970 et 2000, un certain flou demeure sur le fonctionnement du service.
Il semble que des intérims aient été assurés par quelques prêtres du diocèse dont Albert Scohy, Lucien Pouille et Daniel Hombert. On doit au chanoine Pouille le rangement de nombreux vracs d’archives et l’ordonnancement des séries. Quant au Père Hombert, il a assuré le sauvetage des registres de catholicité et leur rapatriement à Cambrai.
2001 : Renouveau du service
En 2001, Caroline Biencourt est recrutée par l’association diocésaine et nommée archiviste-adjointe. Peu à peu, les missions se densifient et se complètent jusqu’à donner une transversalité dans les actions patrimoniales (conservation des patrimoines écrit et mobilier).
Ainsi, étant donné la réalité du terrain (liens ténus entre archives, musée et Commission diocésaine d'art sacré) et du fait des orientations de la Commission pontificale des biens culturels, le Père Machelart créé, en 2003, un service de la conservation du patrimoine chargé de la gestion des biens culturels du diocèse.
Depuis le printemps 2007, à la suite du départ à la retraite du Père Machelart, Caroline Biencourt gère seule ce service, entourée de bénévoles et de stagiaires.
SERVICE DE LA CONSERVATION DU PATRIMOINE
Pour mieux comprendre la formation du service diocésain de la conservation du patrimoine et ses différentes missions, nous vous invitons à consulter l'article publié par Mme Biencourt dans la revue In situ du Ministère de la culture et de la communication en 2009.
Caroline BIENCOURT